Quizás sea un principio...
Coronel Von Rohaut
Les armées de terre britannique et française vont procéder
à des nominations croisées.
Un officier général britannique va devenir commandant
adjoint d'une division de l'Armée de terre française, tandis qu'un général
français occupera la même fonction dans un état-major de l'Army britannique.
Un échange sans précédent à ce niveau qui traduit le rapprochement, pas toujours
aisé, des deux principales puissances militaires européennes.
«Sacre Bleu! Un général français rejoint l'Armée britannique». Le titre du quotidien
The Telegraph, lundi, traduit l'étonnement
que peut susciter l'annonce d'un échange inédit entre les armées de deux pays
souvent opposées au cours de l'histoire. Pourtant, un officier général français
rejoindra en septembre prochain l'état-major de la 1e division de l'Army,
l'armée de terre britannique, à York, dans le nord de l'Angleterre, en tant que
commandant adjoint. Parallèlement, un général britannique sera nommé pour
occuper des fonctions similaires au sein de l'état-major d'une division de
l'armée de terre française, l'État-Major de Force 1 (EMF1), implanté à
Besançon.
Si le nom du général français n'est pas encore connu, les
Britanniques ont désigné un général de brigade de l'armée de terre britannique,
Nick Nottingham, pour seconder, à partir du mois d'août prochain, un général de
division français. Parfait francophone, le général Nottingham a servi au sein du
Royal Irish Regiment, et suivi en France la filière d'excellence de formation
des officiers supérieurs: Ecole de guerre, Centre des hautes études militaires
(CHEM) et Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN - 65e session).
Plus récemment, il a été également affecté à Lille au Commandement des forces
terrestres, la tour de contrôle des forces de l'armée de terre.
Première nomination croisée à ce niveau
C'est la première fois qu'une nomination croisée
intervient, à ce niveau, entre les deux principales armées européennes. Français
et Britanniques sont confrontés au défi de la lutte contre le djihadisme, sur
leur sol national, mais aussi, et parfois conjointement, en opérations
extérieures (OPEX) ou dans des missions de formation, au Moyen-Orient et en
Afrique. Cet échange s'inscrit dans la logique des accords de Lancaster House
(novembre 2010) renforçant la coopération franco-britannique dans le domaine de
la défense. Des accords qui prévoient notamment la création, en 2016, d'une
force expéditionnaire commune interarmées (Combined Joint Expeditionary Force -
CJEF), susceptible d'être engagée dans des opérations bilatérales ou une
coalition internationale.
En 1916, le général Joffre avait commandé des divisions de
Sa gracieuse majesté lors de la bataille de la Somme opposant les forces
franco-britanniques aux troupes allemandes. Actuellement, l'armée britannique
compte dans ses rangs une soixantaine de militaires français de liaison ou
d'échange. Plusieurs dizaines d'officiers britanniques sont également présents
en France au sein de l'armée de terre, de l'air et de la marine dans le cadre de
programmes d'échanges.
Un général de l'US Army, l'an prochain ?
«Cette initiative importante témoigne de la confiance qui
existe entre nos deux armées qui sont de formats relativement proches»,
estime-t-on du côté britannique. La 1e division britannique est composée de
14.000 militaires d'active et de 11.000 réservistes engagés en missions
extérieures mais aussi en Grande-Bretagne, en cas de catastrophe naturelle
notamment, comme lors des récentes inondations qui ont frappé le pays. Côté
français, l'EMF1, fort d'environ 150 militaires, est prévu pour exercer le
commandement opérationnel d'une division de type OTAN, soit 20.000 à 30.000
hommes.
La coopération est appelée à se poursuivre, avec l'Army
britannique, mais aussi au plan trilatéral, avec les Américains. L'an prochain,
un général de l'US Army devrait être nommé au sein du deuxième État-major de
Force que compte l'Armée de terre française, l'EMF3, à Marseille.
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