Les patrons de sept grands groupes d'armement français : EADS, Dassault, Safran, Nexter, DCNS, MBDA et Thales, se sont fendus d'une nouvelle lettre au Président. Elle circule depuis ce matin, la voici:
L’industrie de défense française est le produit d’une ambition politique portée depuis plus de 60 ans : garantir à la France son autonomie stratégique et son rang dans le concert des nations. Cette ambition a permis de faire émerger un secteur industriel qui n’aurait jamais vu le jour sous le seul effet du marché, et qui compte quelques-uns des plus grands fleurons de l’Industrie française. Les sociétés de défense sont un levier majeur de développent industriel. Elles constituent l’un des derniers secteurs dans lequel l’investissement public se traduit par le développement de technologies de souveraineté qui irriguent l’ensemble de l’industrie. Elles génèrent des emplois stables à haute valeur ajoutée et non délocalisables et se caractérisent par un solde fortement positif de leurs balances commerciales. Elles constituent une base industrielle forte de 165.000 emplois, qui regroupe un tissu cohérent de grands groupes et de PME/ETI, structure l’économie de nombreux territoires et conditionne l’équilibre de filières industrielles majeures. La Loi de Programmation Militaire que le Parlement a voté il y a cinq mois est le fruit d’un travail responsable entre toutes les parties concernées. Suivant une logique de stricte suffisance, elle matérialise la participation de la Défense à l’effort de redressement des comptes publics tout en préservant les missions de nos armées, l’emploi et notre excellence technologique. Conscients de leurs responsabilités, les industriels ont consenti d’importants efforts d’adaptation en contrepartie de la stricte exécution de la LPM, acceptant des réductions importantes de plans de charges sans casse sociale. Cette démarche avait été confortée le 15 avril 2013, lorsque vous nous aviez fait l’honneur de nous recevoir et de nous faire part de votre arbitrage, soucieux des enjeux sociaux et industriels auxquels nous étions confrontés. Vous nous aviez alors garanti la complète exécution de cette LPM. Malgré cela, des considérations de court terme menacent de briser aujourd’hui ce fragile équilibre. Rien n’a pourtant changé en quelques mois sur les dramatiques conséquences qu’aurait toute encoche à la loi votée : licenciements, décrochage technologique, perte de compétitivité et de souveraineté, déclassement et désindustrialisation. Les entreprises duales seraient contraintes d’en tirer les conséquences et accélèreraient leur mutation en privilégiant leurs activités civiles. Elles seraient alors soumises aux seules contraintes concurrentielles mondiales (parité €/$, coût du travail, fiscalité…) qui placeront l’équation nationale au second plan. De nombreux fournisseurs, ETI et PME, n’y survivraient pas. Les entreprises tournées vers les seuls marchés de Défense seraient, pour leur part, victimes d’une anémie qui rapidement ne leur laissera d’autre alternative que de passer sous la coupe de sociétés étrangères ou de disparaître. Sous cette menace, nous sommes contraints une fois de plus d’en appeler à votre intervention et de solliciter une audience. L'industrie de défense française, dont chacun s'accorde à reconnaître l'excellence, a besoin de stabilité dans les programmations et d’une vision de long terme. Nous sommes une industrie de cycle long, vulnérable aux atermoiements budgétaires et qui ne peut être la variable d’ajustement de tous les gouvernements. Alors que nos industries ont atteint ce point de rupture et que nos armées contribuent déjà à la réduction des dépenses publiques par la suppression de 80 000 postes, nous souhaiterions vous convaincre que la Défense et son industrie ont payé plus que leur part à l’effort national. Nous le faisons avec gravité, pour préserver l’avenir de nos emplois et nos outils industriels. Vous remerciant de l’attention que vous pourrez porter à notre demande."
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